Sénégalissimo


Des airs de famille
mardi, 2 juin 2009, 21:32
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Jac et le Takëifa
Jac et le Takëifa

Vendredi dernier, plusieurs groupes dont un « très sympa qu’il faut absolument découvrir » se produisaient à deux pas de chez moi. À 18 h 30, j’attendais le début du concert en compagnie d’une collègue. Après une première partie catastrophique et des exécutions correctes ternies par un son médiocre, le Groupe est apparu.

La première révélation a été démocratique : de gauche à droite, ils étaient là, seuls et ensemble, à s’écouter, à se laisser de la place et à en prendre dans une conversation fascinante. Ils étaient là, complémentaires, hétérogènes et harmonieux.

Puis est venue la révélation musicale : les morceaux se sont suivis et ne se sont pas ressemblé. Malgré des grooves éclectiques, le groupe avait un son à lui. Malgré un répertoire assurément rôdé, tout était frais et succulent.

Autre révélation, esthétique cette fois : ils étaient beaux, tous, jouant des corps et des instruments. Une mosaïque de bêtes de scènes, de styles, d’énergies.

« C’est comment, déjà, le nom ? », ai-je demandé. « Jac et le Takëifa », me dit mon voisin qui connaît bien. Je me rappelle alors une conversation de comptoir à la cafétéria du Village des arts. Le gérant du groupe, de l’autre côté du bar, m’avait parlé de frères et de sœurs qui commençaient à tourner en Afrique de l’Ouest et qui se débrouillaient bien. J’avais demandé à les entendre, mais manque de bol, il n’avait pas le CD.

Elle était là, cette famille Keita ; devant et autour de moi. La mère, un frère et une soeur dans l’assistance, sourires radieux ; les autres sur scène.

De droite à gauche, comme on lit le coran, il y avait : Cheikh Tidiane, à la guitare, qui faisait aller ses doigts sur les cordes, cérébral et ancré ; derrière, à la batterie, Ibrahima, le regard brillant, comme ses gestes ; au centre, à l’avant-scène, Jac, avec son charisme extrême et sa voix franche ; tout près, Maah Koudia qui, avec son teint clair, brillait à la basse comme une étoile sous les projecteurs ; en retrait, aux chœurs, Falla, juste, angélique et présent ; et complètement à droite, aux percussions, le seul sur scène à ne pas s’appeler Keita, Beidi Ngome, et ses mouvements délirants.

Le spectacle s’est terminé dans l’euphorie générale. Les fans, dansant au pied de la scène, ressemblaient à ceux qu’ils étaient venus voir : une grande famille dans une fête tout aussi grande. Peu après leur sortie de scène, le groupe était là, à discuter avec ceux qui s’étaient attardés.

J’ai eu la chance et l’honneur de rencontrer la maman Keita, une maman fière et heureuse. Je lui ai dit ce que je pensais de ses enfants, que de belles choses. Et ils sont arrivés, d’abord les Takëifa, au compte-goutte, et puis Jac. La poignée de main et le regard francs, accueillants.

Je suis rentrée chez moi avec le sentiment d’avoir vécu un moment privilégié, le début d’une amitié musicale prometteuse. J’ai retrouvé ce soir-là la chaleur et l’optimisme contagieux de ma tribu, le talent modeste et généreux de ma sœur et de ses amis, l’espoir de soirées sur fond de guitares grattées au hasard de l’inspiration de ceux qui les prennent tour à tour pendant qu’autour d’eux d’autres mangent, boivent, discutent. Bref, ce soir-là, j’ai trouvé des airs de famille.

Pour les Dakarois, Jac et le Takeïfa seront en spectacle le 27 juin prochain au grand marché de la Patte d’Oie. Ceux qui se trouvent plus loin peuvent se rabattre sur les sites www.jacetlekateifa.com et http://myspace.com/kateifa1 pour effleurer l’univers du groupe, ou tenter de mettre la main sur son premier album, Diaspora.

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