Sénégalissimo


De retour…
dimanche, 20 septembre 2009, 3:59
Filed under: Dakar, Montréal, Nostalgie, Sénégal | Étiquettes: , ,
Entre deux...

Entre deux...

Je rentre d’un séjour d’un mois et demi au Québec. Juste ce qu’il faut pour reprendre goût aux nuits fraîches, m’habituer à la présence d’êtres chers, perdre quelques réflexes en wolof, m’émerveiller devant les nuances chatoyantes de verts et de jaunes dans les champs qui défilent, sous le soleil, dans la petite fenêtre de mon casque de moto. J’y suis encore un peu, au Québec, en pensées, à tout le moins.

Physiquement, toutefois, je suis de retour. Un retour sous le signe de l’eau.

L’eau qui, par les journées de 32 °C et 95 % d’humidité qui se succèdent, me sort des pores.

L’eau qui s’est infiltrée par le toit dans ma chambre pendant mon absence et qui a fait naître une mousse d’un blanc bleuté sur plusieurs de mes vêtements et chaussures.

L’eau des larmes que j’ai versées, quelques soirs, parce que le cœur y était moins, cette fois, le moment venu de quitter le pays.

L’eau qui tombe en trombes, qui entre par les portes et fenêtres et déborde des égouts ; l’eau souillée dans laquelle il faut mettre les pieds pour se rendre d’un point A à un point B entre deux puissantes averses, celle qui s’invite chez certains et les met à la rue.

L’eau que j’ai envie de boire pendant la journée et dont je me prive par solidarité pour mes collègues et amis musulmans qui eux ne boivent ni ne mangent du lever au coucher du soleil.

Voilà pour l’eau… Heureusement, il y a tout le reste.

Les enfants des voisins, Papounet, Gora et Yassine, qui viennent frapper à ma porte avec leurs questions et leurs bonjours pimpants.

Les amis adorés et la douceur du temps qui passe. Les retrouvailles avec le boutiquier d’en face, le tandem de la poissonnière et de l’écailleuse dans la rue d’à côté, le tailleur de la Zone A et ses leçons de wolof.

La chaleur de l’appartement de Sicap Baobabs et les projets qui viennent avec : éradiquer les cafards à coup de boulettes de pâte à base de lait condensé sucré et d’acide borique (1 400 FCFA pour l’acide, moins de 1 000 FCFA pour le lait, nous voilà en affaires) ; réclamer un toit et des fenêtres sans fuites et obtenir gain de cause ; appeler le loueur de meubles pour remplacer l’immense frigo énergivore par un plus petit plus efficace et réapprendre à faire les courses au jour le jour ; relancer l’ami menuisier pour la fabrication des ces banquettes, style marocain, et d’une porte-moustiquaire pour faire circuler l’air sans laisser entrer bestioles volantes, rampantes et gambadantes…

Et depuis quelques jours, une nouvelle organisation, un nouveau domaine et de nouveaux visages à apprivoiser. Le nez dans les rapports, cadres et programmes, je démystifie la bête de 8 h 30 à 16 h, sans pause repas (toujours par solidarité, spécial Ramadan). Des tonnes d’idées à mettre en ordre avant d’aller sur le terrain, à la rencontre des 22 fédérations membres de l’ONG à laquelle le CECI me prête pour deux ans dans le cadre d’Uniterra.

Dimanche pour la plupart des musulmans du Sénégal, lundi pour les mourides, ce sera Korité, la rupture de ce long mois de jeûne. Mardi, la vie reprendra son cours. Quant à moi, j’espère être bel et bien de retour.

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3 commentaires so far
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J,allais vous demander si vous étiez incommodée par les pluies qui affectent Dakar depuis quelques semaines, j’ai ma réponse… Mais vous semblez bien rebondir, avec les gens. Au fond c’est ça l’essentiel et c’est probablement la plus belle richesse de Dakar.

En passant, vous faites de la moto? à Dakar aussi?

Commentaire par François

Bon retour sista ! namoonala !
J’espère qu’il n y a pas eu trop de dégâts avec ta chambre et tes vêtements.

« à tout le moins » ? 🙂

Commentaire par natty

Bonjour François,

Bien sûr, les pluies m’incommodent… N’incommodent-elles pas tout le monde ? Je n’ai pas encore fait de moto à Dakar. En ce moment, les nids de poule ressemblent plutôt à des nids d’autruche. Je me déplace donc à pied, en bus et, quand la paresse me prend, et elle me prend souvent par ces jours de suffocante chaleur, en taxi. Au plaisir !

Commentaire par Danielle Lavoie




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